Aller au contenu

 

Carrefour virtuel des municipalités francophones du Canada

L'UdeS aidera des municipalités francophones à se brancher sur Internet

Bernard Sévigny, chercheur principal, et John Ingham, directeur du Groupe de recherche sur les collectivités en ligne de l'Université de Sherbrooke rattaché à la Faculté d'administration.
Bernard Sévigny, chercheur principal, et John Ingham, directeur du Groupe de recherche sur les collectivités en ligne de l'Université de Sherbrooke rattaché à la Faculté d'administration.
Photo : Michel Caron

8 novembre 2007

Reno Fortin

L'Université de Sherbrooke vient de lancer, en collaboration avec les milieux municipal et universitaire de quatre provinces ainsi qu'avec Industrie Canada, un ambitieux projet visant à soutenir les municipalités francophones et bilingues du Canada dans l'intégration des technologies de l'information. «L'accès à Internet et aux infrastructures à haut débit est devenu un enjeu important dans le développement des collectivités locales», précise Bernard Sévigny, chercheur principal du Groupe de recherche sur les collectivités en ligne de l'UdeS (GRECUS) rattaché à la Faculté d'administration.

C'est le GRECUS qui a initié le projet du Carrefour virtuel après avoir observé que les citoyens de petites et moyennes municipalités n'ont pas, pour diverses raisons, le même accès à de telles offres d'information et de services par le Web. «Au cours des dernières années, nous avons constaté que le fossé se creusait entre les grandes villes et les petites et moyennes municipalités en matière de développement et d'appropriation des technologies de l'information, révèle Bernard Sévigny. La recherche peut apporter un éclairage à cet égard afin d'élaborer des plans d'action.»

Les enquêtes réalisées au cours des dernières années révèlent que les petites et moyennes communautés francophones du Canada demeurent, pour la plupart, en marge du phénomène Internet et ne bénéficient pas pleinement des avantages qu'offre le Web. Parmi les municipalités du Québec, moins de la moitié, soit 45,3 % (506 municipalités), avaient un site Internet en fonction, 1,4 % (16) avaient un site inactif alors que 53,3 % (595) n'en avaient pas*. C'est ce qu'il est convenu d'appeler la «fracture numérique».

La situation est similaire dans les autres provinces canadiennes, notamment dans les collectivités francophones et bilingues du pays. La fracture numérique préoccupe au plus haut point l'Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, la Fédération québécoise des municipalités, l'Association française des municipalités de l'Ontario et l'Association des municipalités bilingues du Manitoba. Ces associations ont donc convenu de travailler avec le milieu universitaire pour favoriser le passage de leurs municipalités membres à l'ère numérique.

«De plus en plus, les citoyens ont recours aux sites Web municipaux pour obtenir de l'information et pour se prévaloir de certains services, admet Bernard Sévigny. Les grandes villes développent des fonctionnalités qui permettent par exemple aux citoyens de se procurer un permis ou de s'inscrire à des activités de loisirs en ligne.»

Le projet, qui s'appelle le Carrefour des municipalités francophones du Canada, s'appuie sur deux volets distincts : le volet recherche et le volet animation et réseautage. Le GRECUS dirigera le volet recherche du projet, auquel prend part l'Institut canadien de recherche en politiques et administration publique de Moncton, l'Université Laurentienne de Sudbury et le Collège universitaire de Saint-Boniface à Winnipeg. «L'expertise développée par les chercheurs de ces institutions universitaires constitue un élément clé pour aider le milieu municipal francophone à prendre le virage Internet», soutient John Ingham, directeur du GRECUS.

Par ailleurs, le volet animation et réseautage du projet consiste à offrir aux associations municipales et à leurs membres une plateforme Web qui se veut un lieu d'échange et de partage des meilleures pratiques informatiques dans le monde municipal. Les contenus générés par les équipes de recherche et les associations des quatre provinces alimenteront le centre de documentation qui sera accessible sur le site Internet. Les membres du groupe de recherche travailleront avec les collectivités afin d'identifier les facteurs qui favorisent ou qui freinent le virage Internet dans les municipalités. Les résultats permettront aux associations municipales partenaires d'avoir un portrait rigoureux du Web municipal francophone sur leur territoire et d'élaborer des stratégies visant à favoriser le déploiement d'Internet dans les municipalités. «Le Carrefour virtuel, c'est un peu la jonction entre le milieu municipal et le monde universitaire pour combattre la fracture numérique», explique Bernard Sévigny.

«Le partenariat développé avec les trois autres institutions universitaires positionne avantageusement le GRECUS comme leader dans la recherche appliquée dans le développement des collectivités par les technologies de l'information, soutient Bernard Sévigny. Le projet du Carrefour virtuel nous offre l'occasion de consolider et de développer une expertise unique dans la francophonie nord-américaine.»

Le portail du Carrefour virtuel sera mis en ligne en février 2008. L'un des objectifs du GRECUS est de développer un réseau pancanadien de chercheuses et chercheurs s'intéressant au développement des collectivités locales par les technologies de l'information.


* CEFRIO, Le Web municipal au Québec, portrait de la situation en 2006.